Les habitants des secteurs de Katabagemu, Karangazi et Rwimiyaga, dans le district de Nyagatare, se réjouissent des progrès réalisés grâce à la culture de l’épargne collective et du travail en groupements, une approche qu’ils ont apprise à travers les formations dispensées par la Croix-Rouge Rwandaise (CRR).
Selon eux, cette méthode de regroupement en associations d’épargne et de crédit continue de les sortir progressivement de la pauvreté, tout en renforçant leur autonomie économique.
Ce programme implique 200 ménages vulnérables sélectionnés dans le cadre de l’initiative gouvernementale Graduation, destinée à accompagner les familles vivant dans l’extrême pauvreté vers l’autonomie. Après leur identification par les autorités locales, les bénéficiaires ont été organisés en groupes d’épargne, avec un appui technique de la Croix-Rouge Rwandaise.
Aujourd’hui, les membres témoignent que la formation et l’accompagnement qu’ils ont reçus ont transformé leur manière de penser, renforcé la solidarité communautaire et permis la création d’activités génératrices de revenus qui changent véritablement leur quotidien.
Odette Muhawenimana, du secteur de Rwimiyaga, parle d’un changement profond : « Nous vivions dans une extrême pauvreté. On nous a formés à de nouvelles pratiques agricoles et encouragés à épargner en groupe. Aujourd’hui, tout a changé. Nous avons même appris qu’un petit jardin peut nourrir une famille lorsqu’il est bien exploité. La Croix-Rouge nous a donné confiance et courage. »
Espérance Nyiransabimana, présidente du groupement Twiteze Imbere Twiyubaka, affirme que l’unité est devenue la clé de leur progression : « Nous sommes 23 membres. Nous avons été formés à l’hygiène et à l’assainissement, et nous fabriquons actuellement des briques pour construire des abris destinés au petit bétail qui nous a été promis. Notre caisse de groupe compte 217 000 FRW, et les membres ont déjà emprunté plus de 620 000 FRW. Travailler ensemble nous a réellement fait avancer. »
Dans le secteur de Karangazi, Julienne Nyirahakuzimana, secrétaire du groupement Tuzamurane, souligne que leur association est désormais une source de soutien mutuel : « Nous sommes 20 membres. Lorsqu’un d’entre nous rencontre un problème, nous lui accordons un prêt remboursable avec un intérêt de 5 %. Le fait d’avoir été réunis, formés et encouragés à s’entraider a profondément changé nos vies. »
Parallèlement aux groupes d’épargne, la Croix-Rouge Rwandaise a également appuyé financièrement cinq coopératives sélectionnées pour leur potentiel de croissance.
Rodrigue Munyuza, responsable d’une coopérative piscicole bénéficiaire, explique : « La Croix-Rouge nous a octroyé 11 millions de francs rwandais, qui nous ont permis de construire quatre étangs piscicoles. Nous avons reçu une formation pour renforcer nos activités. Nous sommes désormais sur une trajectoire claire de croissance économique. »
La Croix-Rouge Rwandaise : les groupes d’épargne, un socle pour le développement durable des communautés
Selon Alexandre Bunane, coordinateur de la Croix-Rouge Rwandaise dans le district de Nyagatare, les groupes d’épargne constituent une formule efficace pour transformer durablement les ménages vulnérables : « Nous avons mis en place huit groupes d’épargne après la sélection et la formation des bénéficiaires en agriculture et en élevage, en juillet 2024. Chaque groupe dispose d’un règlement interne encadrant l’épargne, les prêts et la bonne gestion. »
Il précise que les cinq coopératives soutenues ont été choisies sur base de leur performance et de leur engagement : « Ce sont des coopératives agricoles et d’élevage encore émergentes et en manque de financement. Elles comptent chacune au moins 40 membres actifs et une gestion solide. Notre intervention vise à renforcer leur productivité. »
Bunane souligne également que la Croix-Rouge ne sélectionne pas les bénéficiaires : « Ce sont les autorités locales qui identifient les ménages les plus pauvres et prêts à travailler pour améliorer leur situation, conformément aux programmes nationaux de développement. »
Il ajoute que les groupes d’épargne sont conçus pour évoluer vers des structures économiques plus fortes : « Épargner ensemble leur permet de faire face à leurs besoins quotidiens — petits investissements, paiement de l’assurance-maladie, et sensibilisation sur la santé et l’environnement par nos volontaires. Tout cela contribue à leur transformation en coopératives formelles. »
À mesure que ces ménages se préparent à recevoir du petit bétail, la priorité reste la bonne préparation : « Ils doivent construire des abris adaptés. Une bonne gouvernance et le respect des règles internes évitent les conflits et renforcent la productivité. L’objectif est une croissance continue des revenus et le bien-être des communautés. »
Les résultats sont déjà visibles, selon lui : « Pour les groupes d’épargne, le principal impact est l’amélioration des conditions de vie et leur progression vers des coopératives. Pour les coopératives, c’est l’augmentation de la production et l’ajout de valeur à leurs activités, ce qui accroît les revenus des membres. »
Les habitants espèrent désormais que le programme sera élargi, affirmant qu’il leur a redonné espoir, dignité et la capacité de construire un avenir meilleur pour leurs familles et leur communauté.


